[...] Devant trois cents journalistes, Renault a annoncé une prise de participation de 36,8 % dans le capital du deuxième constructeur japonais, Nissan. Pour devenir son premier actionnaire, Renault devra débourser environ 33 milliards de francs. Cet investissement comprend aussi une participation de 22,5 % dans Nissan Diesel, la filiale camions, et l'achat intégral des filiales financières européennes de Nissan (pour un montant de 1,9 milliard de francs).  [...]

SUR CINQ CONTINENTS

Nissan et Renault produiront à eux deux 4,8 millions de véhicules et constitueront le quatrième constructeur automobile du monde derrière General Motors, Ford et Toyota, mais devant Volkswagen et Daimler Chrysler. Le nouvel ensemble sera présent sur les cinq continents. [...]

L'accord répond à deux enjeux. Le premier, c'est le redressement de Nissan. Pour l'exercice clos le 31 mars 1999, le constructeur japonais devrait annoncer plus de 1,5 milliard de francs de pertes, selon les analystes et supporte une lourde dette.  [...]

Le constructeur français renforcera aussi le management de Nissan. Carlos Ghosn, actuel directeur général adjoint de Renault, est nommé directeur général de Nissan. Il mettra en ouvre une vigoureuse politique de réduction des coûts, à l'instar de celle qu'il a menée chez Renault. L'objectif est de faire de Nissan une entreprise rentable dès 2001. [...] Renault obtient deux autres postes-clés : Patrick Pelata sera directeur général adjoint, chargé du produit et de la stratégie, et Thierry Moulonguet directeur financier adjoint.  [...] Vingt à quarante cadres de Renault accompagneront ces trois directeurs au Japon.

Second enjeu : trouver des synergies au niveau mondial. La philosophie de l'accord repose sur la notion de croissance rentable. Les deux constructeurs développeront leurs complémentarités pour faire baisser leurs coûts. Cette stratégie passe par la mise en place de plate-formes communes (soubassements à partir desquels il est possible de décliner plusieurs modèles différents).

ALLONGER LES SÉRIES

Des Renault et des Nissan d'une même gamme partageront un maximum d'éléments de fabrication afin d'allonger les séries de véhicules et faire ainsi des économies d'échelle. Les deux groupes profiteront aussi de leurs complémentarités géographiques. Par exemple, des Renault pourront être vendues au Mexique, où Nissan est implanté, et inversement, Nissan pourra commercialiser ses pick up en Amérique du Sud où Renault est déjà présent.

Au-delà des complémentarités, plusieurs défis restent à relever : celui de la mise en phase culturelle de deux entreprises évoluant dans des univers managériaux et des contextes économiques très éloignés l'un de l'autre ; celui du temps et de la rapidité avec laquelle l'équipe de M. Ghosn et l'état-major de Nissan parviendront à redresser l'entreprise japonaise. Le quasi-démantèlement du keiretsu Nissan entrepris par M. Hanawa (Nissan a déjà cédé tout ou partie de ses participations dans plus d'une quinzaine de filiales ou sous-traitants) n'a pas encore permis de redresser la barre. Dans quelle mesure Renault et son expertise lui permettront-ils de mener à bien cette révolution ?  [...]

1) Que vont  permettre à Renault les 33 milliards de francs investis chez Nissan ?

2) Quel est le principal intérêt de la prise de participation du constructeur français chez son homologue nippon ?

3) Quels sont les enjeux du partenariat entre les firmes ?

4) Comment va se traduire "concrètement" ce partenariat ?

5) Quelles difficultés pourrait rencontrer Renault pour remettre en équilibre les comptes de Nissan ?