Présages et prémonitions à Rome : relief dit de Domitius Ahenonarbus

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Relief dit de Domitius Ahenobarbus, fin du IIème siècle avant Jésus-Christ, Champ de Mars, Rome. Musée du Louvre

Pour des images plus détaillées : voir les pages d'activités destinées aux élèves

Analyse du document

Le relief dit de Domitius Ahenobarbus date d'une période assez notablement antérieure à l'ensemble des textes de cette séquence. Il présente cependant plusieurs caractéristiques qui rendent son analyse intéressante :

1 - Le lien entre vie publique et vie religieuse
Cette scène, qui se situe au Champ de Mars, représente, à gauche, des censeurs, dont la fonction est de déterminer la classe censitaire des citoyens en fonction de leur fortune, ainsi que leur rang au sein de l'armée romaine. Cet acte de la vie publique est suivi d'un sacrifice rituel qui lui donne sa légitimité et est accompli par un magistrat, ici le censeur. Car c'est bien en tant que représentant de l'état romain, investi d'un pouvoir spécifique, que le prêtre officie : le port de la toge en est une preuve. Ainsi, vie politique, vie militaire et vie religieuse se trouvent intimement mêlées dans ce relief - dans une proximité peu familère à nos élèves.
(Et c'est bien au nom du mos majorum, des coutumes de la République ici mises en scène, qu'Auguste tentera d'imposer plus tard comme une valeur fondamentale du nouveau régime, la pietas.
)

2 - Un rituel précis
Le sacrifice est l'acte cultuel par excellence, et il obéit à des rituels strictement établis où chaque geste a son importance et doit être accompli dans les règles - sous peine d'avoir à recommencer la cérémonie. On peut comparer cette scène avec des représentations plus tardives, pour analyser la permanence des pratiques.

3 - Un mode de représentation à la fois réaliste et symbolique
Cette scène se veut réaliste (armement, attitude des soldats à droite), mais aussi symbolique : placés au centre de la composition, une allégorie du dieu Mars, le prêtre - sans doute Domitius Ahenobarbus - le taureau et l'autel forment un ensemble qui donne sens au relief. Si la taille du dieu et de Domitius Ahenobarbus est plus grande que celle des autres personnages, le taureau, lui, se distingue par ses proportions impressionnantes (les animaux domestiques de l'antiquité étant plus petits qu'aujourd'hui) : c'est par la médiation de son sacrifice que se noue le lien entre la divinité et le magistrat de la cité.
Le relief permet la lecture synchronique d'événements diachroniques, présentés en continuité. Il s'agit là d'un des premiers exemples de relief historique, ce dernier teme étant entendu dans le double sens de "narratif", et de "qui inscrit les faits dans l'Histoire".

Objectifs et démarche

Ce document iconographique permet d'aborder, ou de revoir, outre les points développés ci-dessus, différents points de civilisation :
- le recensement des citoyens
- le pomerium, le Champ de Mars
- l'armée (recrutement, équipement)
- la technique du relief

Activités d'observation : pages destinées aux élèves

L'analyse du texte de Tite-Live et et celle du relief permettent l'acquisition du champ lexical de la religion :
   - religio, onis, f. : scrupule religieux, sentiment religieux, culte / religiosus, a, um
   - les mots qui désignent les espaces sacrés : templum, aedes, pomerium
   - la famille de mots formés sur le radical sacr- : sacrum, i, n. : cérémonie, sacrifice 
/ sacer, cra, crum : sacré / sacerdos, otis, m,f : prêtre, prêtresse / sacrificium, ii, n : sacrifice (et les mots de la même famille en français : consécration, consacrer, sacerdotal, sacerdoce, sacralisation, sacraliser, sacramentel, sacré, sacrer, sacrement, sacrificateur, sacrifice, sacrifier, sacrilège, sacristain, sacristie - et aussi sacrum (os sacré), ou quelques jurons vieillis : sacrebleu, sacrédié, sacristi.)
Un exercice à réaliser sur traitement de textes permet de travailler sur cette famille de mots en mettant en oeuvre les connaissances des élèves en morphologie.

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