Selon les écrits, on voit fluctuer la dénomination entre situation déclenchante, question, questionnement, voire problème posé ou problématique. Le contour de la situation-problème est-il si flou ou son appropriation mal aisée ? Essayons de clarifier les choses.
La situation déclenchante
Elle s'appuie sur un fait, un phénomène observable qui permet d'enrôler l'élève dans un processus d'apprentissage. Ce n'est pas forcément une situation-problème.
La question
Elle vise à interpeller celui ou ceux auxquels elle s'adresse, en l'occurrence ici les élèves. Correctement posée, elle peut être situation déclenchante si elle est porteuse d'un défi entraînant une investigation ou une résolution de problème. Trop évidente, elle ne stimule ni la curiosité ni le désir d'en savoir plus. A l'inverse, si elle est trop éloignée des possibilités de résolution des élèves, elle reste à l'état de question, cantonnée au registre professoral, point de départ d'un exercice d'application ou de travaux pratiques dont le parcours est balisé par l'enseignant. Si la question peut intégrer une situation-problème, il ne suffit pas de la poser pour en faire une situation-problème.
Le questionnement
Consécutif d'une ou plusieurs questions, il est une étape incontournable de l'investigation ou de la résolution de problème pour une appropriation du problème par les élèves. Il ne se suffit pas à lui-même pour constituer une situation-problème.
Le problème posé
Il peut s'appuyer sur un constat, une observation, un dysfonctionnement. Il peut être ouvert ou fermé. Le terme " problème ouvert " a été introduit par une équipe de l'I.R.E.M. (1) de Lyon qui en donne la définition suivante :
- l'énoncé est court.
- l'énoncé n'induit ni la méthode, ni la solution (pas de questions intermédiaires ni de questions du type "montrer que"). En aucun cas, cette solution ne doit se réduire à l'utilisation ou l'application immédiate des derniers résultats présentés en cours.
- le problème se trouve dans un domaine conceptuel avec lequel les élèves ont assez de familiarité. Ainsi, peuvent-ils prendre facilement "possession" de la situation et s'engager dans des essais, des conjectures, des projets de résolution, des contre-exemples.
A l'inverse un problème fermé a :
- un objectif connu
- un énoncé descriptif
- une seule solution
Pour cette équipe, le problème ouvert est principalement destiné à développer un comportement de recherche et des capacités d'ordre méthodologique. Ces problèmes ouverts qui visent à engager les élèves dans la construction de nouvelles connaissances sont souvent appelés " situations-problèmes ".
La problématique posée
Elle a déjà circoncis le problème en délimitant le contexte de l'investigation, les niveaux de contraintes, le cadre de l'étude. C'est une étape incontournable de la démarche d'investigation. Ce n'est pas une situation-problème même si toute situation-problème doit mener à l'appropriation d'une problématique.
Comme on le voit, l'ensemble des termes développés précédemment gravitent dans le champ sémantique du mot " problème " et la plupart du temps, les enseignants supposent qu'il suffit de passer par l'une ou l'autre de ces étapes pour avoir mis en place une situation-problème.
(1) IREM : Institut de Recherche pour l'Enseignement des mathématiques. Il en existe 26 en France répartis sur le territoire. Les IREM ont été créés en 1969 pour contribuer à la formation initiale et continue des enseignants, l'expérimentation pédagogique, élaborer et diffuser des documents pour enseignants et formateurs et mener des recherches sur l'enseignement des Mathématiques. Ils réunissent pour ces missions des enseignants de Mathématiques de tous les niveaux (collège, lycée, lycée professionnel et technique, école, université, IUFM).