I- Contexte pédagogique
- Cycle / Profil de classe :3ème – fin de cycle 4 ; EPI français / maths / technologie – TREAC proposé par l’Abbaye de Noirlac.
- Travail collaboratif
- Problème posé :Dans une classe plutôt studieuse, l’expression d’une opinion personnelle construite et étayée ne parvient pas à se développer. L’engagement dans un projet commun semble également compliqué. Chacun reste figé dans une attitude passive d’une part ou alors dans des prises de parole spontanées mais peu réfléchies d’autre part.
- Objectif principal : Explorer les interactions entre la littérature et le numérique. Rendre les machines créatrices de sens et définir les limites de l’intelligence artificielle en rapprochant la robotique de la poésie.
- Compétences construites:
Domaine 1 : les langages pour penser et communiquer
Comprendre, s'exprimer en utilisant la langue française à l'oral et à l’écrit
Domaine 2 : les méthodes et outils pour apprendre
Organisation du travail personnel
Coopération et réalisation de projets
Médias, démarches de recherche et de traitement de l'information
Domaine 3 : la formation de la personne et du citoyen
Expression de la sensibilité et des opinions, respect des autres
Réflexion et discernement
Responsabilité, sens de l'engagement et de l'initiative
Domaine 5 : les représentations du monde et l'activité humaine
Invention, élaboration, production
- Stratégies pédagogiques : Le numérique et les robots tendent à remplacer l’humain dans toutes ses activités, qu’en est-il de l’art et de la littérature en particulier ? Confronter les élèves à différents supports de réflexion, les impliquer dans un projet artistique faisant largement appel au numérique, approcher une forme de poésie qui rapproche et met en scène deux mots avec des contraintes fortes (identité d’une moitié horizontale des 2 mots « Poésie à 2 mi-mots »).
- Principaux outils numériques :
Ressources en ligne d’écriture assistée par ordinateur, générateurs de textes plus ou moins aléatoire, outil spécifique librement accessible conçu par le collectif ALIS, en résidence dans le cadre d’un TREAC piloté par l’Abbaye de Noirlac (Cher).
http://i-trace.fr/2013/separation/alis/ bientôt remplacé par https://jeux.typomatic.org/ (en phase de finalisation pour la version publique).
Le logiciel en ligne conçu par ALIS est donc utilisable avec ou sans intervenant, libre d’accès et permet d’exporter les productions sous plusieurs formats.
- Un exemple de réalisation :
https://www.youtube.com/watch?v=wRDSNIgcvoI
II- Mise en œuvre
Découverte et exploration des thèmes de l’anticipation, clones, robots, lectures cursives, études de textes polémiques, courts métrages (Robots of Brixton, Abiogenesis), extraits de la série diffusée par ARTE « Real Humans » épisode 1, exploration du site fictif de vente en ligne de robots domestiques Hubot Market.
Travail d’écriture poétique utilisant un générateur de champ lexical.
Travail d’oralisation d’un texte généré automatiquement par le site « Le Pipotron».
Présentation du projet et du travail artistique du collectif ALIS.
Découverte du logiciel, réalisation d’un pliage avec chaque prénom et un mot associé dont le choix montre la force du principe.
Sélection des mots à utiliser dans la vidéo, ordre, connotations, évocations, lien, écarts, distorsion…
Choix du titre, construction des interactions entre 3 mots, notion d’effet d’attente, construction du sens en complément de la vidéo, éviter le texte illustratif, redondant avec l’image.
Profondeur de l’expression personnelle malgré l’aspect minimaliste, recherche de l’effet, de l’efficacité du message.
Préparation du tournage, décor, robot, support, technique. (aide d’une spécialiste du tournage vidéo et d’un éclairagiste, membres d’ALIS)
Le montage vidéo a été réalisé par ALIS.
Journée de restitution générale du TREAC, retour sur la diffusion avec les élèves. Lien vers la vidéo produite à cette occasion.
III- Pourquoi utiliser le numérique ?
L’outil numérique créé par la troupe ALIS permet de lister les mots transformables, c’est-à-dire dont les moitiés hautes ou basses sont identiques. Cela s’accompagne d’un travail sur la police de caractère appelée « police coupable », des graphies spécifiques multiplient les possibilités, avec la lisibilité immédiate comme critère de choix.
Les contraintes fortes générées par le principe poétique seraient impossibles à dépasser sans l’intervention du numérique, le logiciel original permet, à partir d’un mot de départ, de classer les mots dont l’association est possible. Les critères de classement sont modulables : fréquence, longueur du mot, forme graphique, casse, partie commune haute ou basse. De plus chaque mot donne accès à sa définition ce qui permet de lever les ambiguïtés et de découvrir du vocabulaire.
Un travail annexe d’adéquation au niveau des accords grammaticaux entre les deux mots associés s’engage impérativement et ne manque pas d’intérêt.
De très nombreuses activités pédagogiques peuvent exploiter ce principe de « La poésie à 2 mi-mots », d’autant qu’il associe le travail sur les mots à une manipulation spectaculaire donnant lieu à de multiples possibilités de mise en scène. La « matière » des mots, leur graphie, entre en résonnance avec la sémantique et permettent ainsi de faire exister la langue pour des élèves de tout niveau, indépendamment de leurs compétences disciplinaires.
Dans un deuxième temps, la réalisation des courtes vidéos mettant en scène le robot transformant un mot en un autre ne peut être envisagé sans le recours au numérique.
IV – Limites et ajustements
Le champ de réflexion, peut-être un peu vaste au début, a dû progressivement être limité, précisé et recadré afin d’éviter une dispersion et un survol des problématiques évoquées.
Le lien avec la poésie surréaliste, l’Oulipo en particulier, aurait pu être exploré davantage au travers d’expériences d’écriture automatique et de lectures de textes à fortes contraintes.
Le travail autour de l’intelligence artificielle, du test de Turing et de la poésie absurde et involontaire produite par la discussion avec une machine (type Cleverbot) aurait pu faire l’objet d’un approfondissement pour aboutir à une production visant à prouver que « vous n’êtes pas un robot ».