Programme limitatif de spécialité pour la rentrée 2024
Le programme d’enseignement de spécialité d’histoire des arts institue trois questions limitatives, qui s’inscrivent dans les trois thématiques : un artiste en son temps ; arts, ville, politique et société ; objets et enjeux de l’histoire des arts. Elles sont définies et renouvelées par publication au Bulletin officiel de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Pour l’année scolaire 2024-2025, les trois questions retenues sont les suivantes :
Un artiste en son temps : Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879)
L’incendie de Notre-Dame de Paris en 2019 et les débats sur la restauration de la flèche ont mis en lumière le rôle majeur d’Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) dans l’identité patrimoniale de la cathédrale. Si la postérité a essentiellement retenu son action de restaurateur de monuments médiévaux, l’œuvre de Viollet-le-Duc, protéiforme, excède cependant la seule intervention sur le bâti préexistant pour aborder le dessin, l’observation de la nature, celle de l’environnement et la création architecturale.
L’œuvre de Viollet-le-Duc s’inscrit pleinement dans son époque et dans les débats qui l’animent, dont celui sur l’émergence d’une conscience patrimoniale. Artiste prolixe, il combine une position administrative privilégiée pour traiter des questions de restauration monumentale avec une créativité qui s’exprime sur de nombreux monuments médiévaux en alliant le souci décoratif à l’essence architecturale.
Faisant œuvre de professeur et d’historien, Viollet-le-Duc contribue à la transmission et à la pérennisation des connaissances. Artiste aux multiples talents, sa précocité, son audace et sa curiosité essaiment sur l’ensemble du territoire. La figure de cet érudit, qui évolue dans un XIXe siècle pétri de connaissances historiques, interroge et fascine l’histoire des arts pour ce qu’elle révèle de l’artiste en son temps.
Considéré comme le précurseur de l’architecture moderne par les uns, trop interventionniste pour les autres, Viollet-le-Duc ne laisse pas indifférent, près de cent cinquante ans après sa mort. L’étude de son œuvre permettra aux élèves de l’enseignement de spécialité d’interroger les grands enjeux des politiques patrimoniales, au premier rang desquelles les questions toujours vives de l’authenticité et de la pérennité inscrites au cœur du travail de restauration.
Arts, ville, politique et société : Paris, capitale des arts, premièremoitié du XXe siècle (question renouvelée pour l’année scolaire 2024-2025)
Berceau de multiples avant-gardes, de courants artistiques, Paris s’est affirmée, tout au long de la première moitié du XXe siècle, comme la capitale des arts. Avant que ne s’opère au milieu du siècle le basculement qui, comme l’écrit Harold Rosenberg dans son article sur la chute de Paris[1], « ferma le laboratoire du XXe siècle », la capitale française devient le point de convergence des artistes du monde entier, attirés par une nouvelle dynamique créative alliée à de nouvelles formes d’expression et d’existence « bohème ». Les rapprochements entre acteurs clés du mouvement moderne et les artistes venus d’autres pays contribuent, autant qu’ils en sont la conséquence, à la vitalité et à la fertilité de la création artistique. Reste à en analyser les raisons esthétiques, matérielles et politiques.
Cette position centrale de Paris s’observe tout autant dans les différents champs de la création (la peinture, la sculpture, la photographie, l’architecture ; la musique, la danse, les lettres, la mode, etc.), dans l’activité du marché de l’art (et des galeries), que dans l’inscription de la vie artistique dans la géographie de Paris. Les déplacements des foyers de création d’un quartier de la ville à l’autre laissent des traces dans la vie des cafés, cabarets, galeries, ateliers, académies que fréquentent les artistes. Cette question du programme limitatif appelle donc à envisager la vie artistique parisienne, entre création, histoire sociale et contingences politiques des arts.
S’il est vain de fixer arbitrairement les événements ou les dates qui ouvriraient et clôtureraient cette période, il peut en revanche s’avérer particulièrement stimulant d’interroger les éléments de contexte, d’identifier les dynamiques, y compris en termes de politiques culturelles, qui ont favorisé l’émergence de Paris comme capitale des arts, et ce qui a pu conduire à son déclin au milieu du XXe siècle au profit d’autres foyers, notamment américains.
Objets et enjeux de l’histoire des arts : femmes, féminité, féminisme
Thème récurrent dans l’art, la figure féminine endosse une multitude de statuts au service des œuvres ; muse, image ou symbole, elle est souvent une représentation fantasmée, érotisée, idéalisée et qui peut servir de modèle aux multiples fonctions sociales, tour à tour incarnation de la sensualité, de la maternité, des figures allégoriques liées au sacré, à la dimension politique ou aux vertus.
Cette hyper présence comme sujet ne parvient cependant pas à masquer la relative invisibilité des femmes comme créatrices, alors même que le geste artistique féminin est attesté depuis l’Antiquité. Ancrée dans une approche transhistorique, attentive aux évolutions récentes du contexte social, politique et culturel désormais largement soucieux d’équité et d’égalité, cette question permet de jeter un regard nouveau sur ces créatrices trop souvent restées dans l’ombre d’artistes masculins, voire anonymisées ; rares sont les noms de femmes qui ont traversé les siècles, trop souvent accolés à celui d’un maître, d’un époux, d’un employeur, d’un condisciple masculin.
De la même manière, cette question doit permettre de restituer la richesse des présences féminines dans le domaine des arts, y compris dans leur contribution à la connaissance, la diffusion et la préservation, comme collectionneuses, mécènes, érudites, historiennes, théoriciennes ou conservatrices. En appui sur certaines démarches émancipatrices, elle interroge enfin la revendication d’une place pour les femmes dans les arts, dans des démarches volontaristes liées notamment, pour les décennies les plus récentes, aux combats féministes.
Pour le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, et par délégation,
Le chef du service de l’accompagnement des politiques éducatives,
Jean Hubac
[1] Harold Rosenberg, « The Fall of Paris », Partisan Review, décembre 1940.
Des ressources pour enseigner l'histoire des arts au lycée.
Retrouvez sur Eduscol les textes officiels et des ressources proposées pour enseigner l'histoire des arts.
Tableaux synoptiques des programmes
Programme limitatif de spécialité terminale pour 2023-2024
Le programme d'enseignement de spécialité d'histoire des arts institue trois questions limitatives, qui s'inscrivent dans les trois thématiques : un artiste en son temps ; arts, ville, politique et société ; objets et enjeux de l'histoire des arts. Elles sont définies et renouvelées par publication au Bulletin officiel de l'éducation nationale.
Pour l'année scolaire 2023-2024, les trois questions retenues sont les suivantes :
Un artiste en son temps : Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879)
L'incendie de Notre-Dame de Paris en 2019 et les débats sur la restauration de la flèche ont mis en lumière le rôle majeur d'Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) dans l'identité patrimoniale de la cathédrale. Si la postérité a essentiellement retenu son action de restaurateur de monuments médiévaux, l'œuvre de Viollet-le-Duc, protéiforme, excède cependant la seule intervention sur le bâti préexistant pour aborder le dessin, l'observation de la nature, celle de l'environnement et la création architecturale.
L'œuvre de Viollet-le-Duc s'inscrit pleinement dans son époque et dans les débats qui l'animent, dont celui sur l'émergence d'une conscience patrimoniale. Artiste prolixe, il combine une position administrative privilégiée pour traiter des questions de restauration monumentale avec une créativité qui s'exprime sur de nombreux monuments médiévaux en alliant le souci décoratif à l'essence architecturale.
Faisant œuvre de professeur et d'historien, Viollet-le-Duc contribue à la transmission et la pérennisation des connaissances. Artiste aux multiples talents, sa précocité, son audace et sa curiosité essaiment sur l'ensemble du territoire. La figure de cet érudit, qui évolue dans un XIXe siècle pétri de connaissances historiques, interroge et fascine l'histoire des arts pour ce qu'elle révèle de l'artiste en son temps.
Considéré comme le précurseur de l'architecture moderne par les uns, trop interventionniste pour les autres, Viollet-le-Duc ne laisse pas indifférent, près de cent cinquante ans après sa mort. L'étude de son œuvre permettra aux élèves de l'enseignement de spécialité d'interroger les grands enjeux des politiques patrimoniales, au premier rang desquelles les questions toujours vives de l'authenticité et de la pérennité inscrites au cœur du travail de restauration.
Arts, ville, politique et société : le voyage des artistes en Italie, XVIIe-XIXe siècles
Étape essentielle de la formation des artistes européens dès le XVIe siècle, le voyage en Italie s'inscrit dans une double perspective : enrichir l'inspiration d'après l'art de l'Antiquité et se confronter aux maîtres de la Renaissance italienne. À ce titre, il participe, d'une certaine manière, à l'essor du Grand tour, voyage initiatique des jeunes élites à travers l'Europe. Durant trois siècles, ces échanges artistiques constituent un mouvement de formation sans égal, qui influe considérablement et durablement sur l'évolution du style, des influences, du goût. Ils permettent une réappropriation et une interprétation de l'Antiquité et de la Renaissance dans l'ensemble de l'Europe et favorisent des interactions entre les artistes qui trouvent dans les grands foyers de l'Italie non seulement des sources renouvelées d'inspiration, mais aussi le moyen de survivre.
Le voyage en Italie révèle et documente également le mode de vie des artistes, soumis à la recherche de la reconnaissance et de moyens de subsistance, réunis par affinité sociale et/ou nationale, de manière informelle ou au sein de structures officielles, qui, à l'instar de l'académie de France à Rome, fondée en 1666, institutionnalisent le séjour en Italie.
La question limitative interroge de ce fait, outre la nature et les conditions de la production artistique elle-même, la vie quotidienne des artistes, dans sa dimension sociale, culturelle, économique ou religieuse. À travers l'installation de certains en Italie et le retour des autres dans leurs pays d'origine, elle aborde par ailleurs l'évolution progressive de la place de l'artiste dans la société, dans sa relation à l'institution, au monde économique, au marché de l'art et au mécène, et l'élaboration d'une légitimité.
Objets et enjeux de l'histoire des arts : femmes, féminité, féminisme
Thème récurrent dans l'art, la figure féminine endosse une multitude de statuts au service des œuvres ; muse, image ou symbole, elle est souvent une représentation fantasmée, érotisée, idéalisée et qui peut servir de modèle aux multiples fonctions sociales, tour à tour incarnation de la sensualité, de la maternité, des figures allégoriques liées au sacré, à la dimension politique ou aux vertus.
Cette hyper présence comme sujet ne parvient cependant pas à masquer la relative invisibilité des femmes comme créatrices, alors même que le geste artistique féminin est attesté depuis l'Antiquité. Ancrée dans une approche transhistorique, attentive aux évolutions récentes du contexte social, politique et culturel désormais largement soucieux d'équité et d'égalité, cette question permet de jeter un regard nouveau sur ces créatrices trop souvent restées dans l'ombre d'artistes masculins, voire anonymisées ; rares sont les noms de femmes qui ont traversé les siècles, trop souvent accolés à celui d'un maître, d'un époux, d'un employeur, d'un condisciple masculin.
De la même manière, cette question doit permettre de restituer la richesse des présences féminines dans le domaine des arts, y compris dans leur contribution à la connaissance, la diffusion et la préservation, comme collectionneuses, mécènes, érudites, historiennes, théoriciennes ou conservatrices. En appui sur certaines démarches émancipatrices, elle interroge enfin la revendication d'une place pour les femmes dans les arts, dans des démarches volontaristes liées notamment, pour les décennies les plus récentes, aux combats féministes.
Pour le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, et par délégation,
Le chef du service de l'accompagnement des politiques éducatives, adjoint au directeur général,
Jean Hubac
Programme de l'enseignement optionnel d'histoire des arts en seconde
Retrouvez le programme de l'option histoire des arts en seconde en cliquant sur ce lien.
Programme limitatif pour l'enseignement optionnel d'histoire des arts en classe de première
Les objets d'étude du programme de l'enseignement optionnel d'histoire des arts en classe de première sont définis et renouvelés par publication au Bulletin officiel de l'éducation nationale. Ils portent sur un genre, une forme, une pratique, un courant, une tendance ou un mouvement artistique, définis chronologiquement et géographiquement. Une liste limitée d'œuvres de référence est publiée à titre indicatif, à l'appui du programme limitatif.
À compter de la rentrée scolaire 2020, l'objet d'étude retenu est :
L'art du portrait en France, XIXe - XXIe siècles
La liste indicative d'œuvres de référence à l'appui du programme est :
Œuvres plastiques et graphiques :
- Ben (Benjamin Vautier dit), Ben le bon, Ben le méchant, 1995, sérigraphie, 42 x 28,5 cm, coll. part. ;
- Blanche Jacques-Émile, Jeanne Julie Régnault, sociétaire de la Comédie-Française, 1889, pastel sur toile, 157 x 76 cm. Musée national du château de Versailles ;
- Boldoni Giovanni, Le comte Robert de Montesquiou, 1897, huile sur toile, 116 x 82 cm. Musée d'Orsay, Paris ;
- Carpeaux Jean-Baptiste, Le prince impérial et son chien Néro, 1865, marbre, 140 x 65,4 x 61,5 cm. Musée d'Orsay, Paris ;
- César (César Baldaccini, dit), Victoire de Villetaneuse, 1965, fer soudé, 223 x 90 x 100 cm. Nouveau musée national de Monaco ;
- Claudel Camille, L'implorante, 1899, bronze, 28,6 x 34,6 x 21 cm. Musée Rodin, Paris ;
- Dantan Jean-Pierre, Portrait-charge de Franz Liszt, dit à la chevelure, 1836, plâtre, h 24 cm. Musée Carnavalet, Paris ;
- Dubuffet Jean, Personnage hilare (portrait de Francis Ponge), 1947, huile et plâtre sur carton, 60,5 x 45,5 cm. Stedelijk Museum, Amsterdam ;
- Foujita, Autoportrait dans l'atelier, 1926, huile sur toile, 81 x 60,5 cm. Musée des beaux-arts de Lyon ;
- Freund Gisèle, André Gide, Paris, 1938, épreuve chromogène, 30,5 x 20,5 cm. Centre Pompidou - Musée national d'art moderne, Paris ;
- Ingres Jean-Auguste Dominique, Napoléon 1er sur le trône impérial, 1806, huile sur toile, 260 x 163 cm. Musée de l'Armée ;
- Journiac Michel, Hommage à Freud, 1972, impression noir et blanc sur papier, 34 x 23,5 cm. Courtesy galerie Patricia Dorfmann, Paris ;
- Krull Germaine, Autoportrait à l'icarette, v. 1925, tirage gélatino-argentique, 23,6 x 17,5 cm. Centre Pompidou-musée national d'art moderne, Paris ;
- Lartigue Jacques-Henri, Valéry Giscard d'Estaing, 1974, photographie positive couleur, ©La Documentation française. Bibliothèque nationale de France, Paris ;
- Matisse Henri, Nu assis, 1909, huile sur toile, 33,5 x 41 cm. Musée de Grenoble ;
- Opalka Roman, 1965/1 à l'infini, détail 2075998, 1965, photographie noir et blanc, 31 x 24 cm. Centre Pompidou - musée national d'art moderne, Paris ;
- Pei-Ming Yan, Funérailles pape Jean-Paul II, 2003, huile sur toile, 250 x 250 cm. Coll. part. ;
- Philipon Charles, Les poires, lithographie, parue dans La caricature n° 56, 24 novembre 1831 ;
- Picasso Pablo, Homme nu assis, 1908-1909, huile sur toile, 96 x 76 cm. Lille Métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut (LaM), Villeneuve d'Ascq ;
- Rheims Bettina, Sarah Constantin, Délivrez-nous du mâle, 2017, photographie positive couleur, 145 x 108 cm. Courtesy galerie Xippas ;
- Signac Paul, Opus 217. Sur l'émail d'un fond rythmique de mesures et d'angles, de tons et de teintes. Portrait de Félix Fénéon, 1890, huile sur toile, 73 x 92 cm. Museum of Modern Art, New York ;
- Veilhan Xavier, Tony 2016, aluminium et peinture polyuréthane, 175, 67 x 50 cm. Galerie Nara Roesler, coll. part.
Œuvres cinématographiques et vidéographiques :
- Cavalier Alain, Six Portraits XL, 2017 ;
- Clouzot Henri-Georges, Le mystère Picasso, 1955 ;
- Gance Abel, Napoléon, 1927 ;
- Mnouchkine Ariane, Molière, 1978 ;
- Ophuls Max, Lola Montes, 1955 ;
- Pialat Maurice, Van Gogh, 1991 ;
- Pollet Jean-Daniel et FARGIER Jean-Paul, Jour après jour, 2006 ;
- Tati Jacques, Mon oncle, 1958 ;
- Varda Agnès, Les plages d'Agnès, 2008.
Œuvres musicales :
- Bizet Georges, Carmen, 1875 ;
- Brel Jacques, Les flamandes, 1959 ;
- Prévert Jacques, Kosma Joseph, interprété par Montand Yves, Barbara, 1946 ;
- Ravel Maurice, Daphnis et Chloé, 1912 ;
- Saint-Saens Camille, Le carnaval des animaux, 1886.
Œuvres théâtrales, œuvres chorégraphiques et performances :
- Anouilh Jean, Antigone, 1944, notamment dans la mise en scène de Nicolas Briançon au théâtre Marigny, 2003 ;
- Beckett Samuel, En attendant Godot, 1952, notamment dans la mise en scène de Luc Bondy au théâtre de l'Odéon, 1999 ;
- Gallienne Guillaume, Les garçons et Guillaume, à table !, 2008, notamment dans la mise en scène de Guillaume Gallienne au théâtre de l'Ouest parisien, 2008 ;
- Li Blanca, Salomé, 1995, créé au Quartz de Brest en octobre 1995 ;
- Musset Alfred de, Lorenzaccio, 1834, notamment dans la mise en scène de Franco Zeffirelli à la Comédie française, 1977.
Bande dessinée :
- Brétécher Claire, Agrippine, éd. Claire Brétécher, 1988.
Programme limitatif pour l'enseignement de spécialité d'histoire des arts en classe terminale pour les années scolaires 2021-2022 et 2022-2023
Le programme d'enseignement de spécialité d'histoire des arts institue trois questions limitatives, qui s'inscrivent dans les trois thématiques : un artiste en son temps ; arts, ville, politique et société ; objets et enjeux de l'histoire des arts. Elles sont définies et renouvelées par publication au Bulletin officiel de l'éducation nationale.
Pour les années scolaires 2021-2022 et 2022-2023, les trois questions retenues sont les suivantes :
Une artiste en son temps : Charlotte Perriand (1903-1999)
Créatrice d'objets devenus cultes, architecte et urbaniste, Charlotte Perriand occupe une place éminente parmi les créateurs du XXe siècle. L'espace sans hiérarchie et modulable dont elle donne maintes propositions, celui qui permet la circulation des corps, de corps libres dans des espaces contraints, fait écho à cette « vie de liberté, détachée des formules stéréotypées » qu'elle appelle de ses vœux. Pour y parvenir, elle met en relation tout au long de sa carrière les arts et les métiers, les cultures, les formes nobles et les productions vernaculaires, la nature brute et les conceptions les plus avant-gardistes, au service d'une « esthétique sociale » (Y. Rambosson) et profondément humaniste. Attentive à l'inscription sociale et politique de l'art, elle milite au sein de divers mouvements artistiques (Union
des artistes modernes) et politiques (Association des écrivains et artistes révolutionnaires) et noue de profondes amitiés et collaborations avec les artistes de son temps, au premier rang desquels, Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Fernand Léger.
L'étude de l'œuvre de Charlotte Perriand abordera notamment les axes suivants : sa contribution à la modernité, la place qu'elle accorde à la nature dans la conception et l'usage des objets ou des habitations, son engagement politique, social et artistique, sa sociabilité artistique, son goût pour le dialogue des cultures et « la synthèse des arts ».
Arts, ville, politique et société : le voyage des artistes en Italie, XVIIe-XIXe siècles
Étape essentielle de la formation des artistes européens dès le XVIe siècle, le voyage en Italie s'inscrit dans une double perspective : enrichir l'inspiration d'après l'art de l'Antiquité et se confronter aux maîtres de la Renaissance italienne. À ce titre, il participe, d'une certaine manière, à l'essor du Grand tour, voyage initiatique des jeunes élites à travers l'Europe. Durant trois siècles, ces échanges artistiques constituent un mouvement de formation sans égal, qui influe considérablement et durablement sur l'évolution du style, des influences, du goût. Ils permettent une réappropriation et une interprétation de l'Antiquité et de la Renaissance dans l'ensemble de l'Europe et favorisent des interactions entre les artistes qui trouvent dans les grands foyers de l'Italie non seulement des sources renouvelées d'inspiration mais aussi le moyen de survivre.
Le voyage en Italie révèle et documente également le mode de vie des artistes, soumis à la recherche de la reconnaissance et de moyens de subsistance, réunis par affinité sociale et/ou nationale, de manière informelle ou au sein de structures officielles, qui, à l'instar de l'académie de France à Rome fondée en 1666, institutionnalisent le séjour en Italie.
La question limitative interroge de ce fait, outre la nature et les conditions de la production artistique elle-même, la vie quotidienne des artistes, dans sa dimension sociale, culturelle, économique ou religieuse. À travers l'installation de certains en Italie et le retour des autres
dans leurs pays d'origine, elle aborde par ailleurs l'évolution progressive de la place de l'artiste dans la société, dans sa relation à l'institution, au monde économique, au marché de l'art et au mécène, et l'élaboration d'une légitimité.
Objets et enjeux de l'histoire des arts : femmes, féminité, féminisme
Thème récurrent dans l'art, la figure féminine endosse une multitude de statuts au service des œuvres ; muse, image ou symbole, elle est souvent une représentation fantasmée, érotisée, idéalisée et qui peut servir de modèle aux multiples fonctions sociales, tour à tour incarnation de la sensualité, de la maternité, des figures allégoriques liées au sacré, à la dimension politique ou aux vertus.
Cette hyper présence comme sujet ne parvient cependant pas à masquer la relative invisibilité des femmes comme créatrices, alors même que le geste artistique féminin est attesté depuis l'Antiquité. Ancrée dans une approche transhistorique, attentive aux évolutions récentes du contexte social, politique et culturel désormais largement soucieux d'équité et d'égalité, cette question permet de jeter un regard nouveau sur ces créatrices trop souvent restées dans l'ombre d'artistes masculins, voire anonymisées ; rares sont les noms de femmes qui ont traversé les siècles, trop souvent accolés à celui d'un maître, d'un époux, d'un employeur, d'un condisciple masculin.
De la même manière, cette question doit permettre de restituer la richesse des présences féminines dans le domaine des arts, y compris dans leur contribution à la connaissance, la diffusion et la préservation, comme collectionneuses, mécènes, érudites, historiennes, théoriciennes ou conservatrices. En appui sur certaines démarches émancipatrices, elle interroge enfin la revendication d'une place pour les femmes dans les arts, dans des démarches volontaristes liées notamment, pour les décennies les plus récentes, aux combats féministes.
Programme limitatif pour l'enseignement optionnel d'histoire des arts en classe terminale pour les années scolaires 2021-2022 et 2022-2023
Le programme d'enseignement optionnel d'histoire des arts pour la classe terminale institue un programme limitatif renouvelé par publication au Bulletin officiel de l'éducation nationale, portant sur une thématique de l'histoire des arts, sans limite chronologique, géographique ni de domaine artistique. Quelque corpus que puisse suggérer le programme limitatif, l'équipe pédagogique reste libre du choix de ses exemples et des œuvres mobilisées en tenant compte des ressources de l'établissement et de son environnement. Pour traiter cette question diachronique et transversale, elle privilégie une approche problématique et évite un découpage exclusivement chronologique ou rétro-chronologique des contenus. La question transversale constituant le programme limitatif de l'enseignement optionnel de terminale ne peut pas se confondre avec celle publiée à l'appui de la thématique de spécialité « Objets et enjeux de l'histoire des arts », sans que tout croisement soit pour autant impossible ni interdit.
La thématique de l'année scolaire 2020-2021 est reconduite pour l'année 2021-2022 :
Question transversale : art et émancipation
Comment les arts et les artistes ont-ils accompagné et participé à — voire, pour certaines expressions artistiques, participé de — ces mouvements d'émancipation, tant politiques que sociaux au sens large ?
« ÉMANCIPATION [...]
1. Acte juridique qui affranchit un mineur de l'autorité parentale ou de la tutelle, et lui donne l'usage des droits civils attachés à la majorité ; l'état qui en résulte. L'émancipation peut être prononcée dès l'âge de seize ans. Émancipation légale, qui résulte de plein droit du mariage.
2. Action d'affranchir, de s'affranchir d'une domination ou d'une servitude, d'une contrainte. L'émancipation des esclaves. L'émancipation politique des colonies. L'émancipation de la femme.
3. Fig. Action de libérer, de se libérer d'une dépendance d'ordre moral ou intellectuel, de préjugés, d'erreurs. L'émancipation des esprits. »
Dictionnaire de l'Académie française, 9e édition, t. 1, Paris, Imprimerie nationale, 1992, p. 778.
Pour l'année scolaire 2022-2023, la thématique retenue est :
Question transversale : musée, musées
« Le musée est une institution permanente sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l'humanité et de son environnement à des fins d'études, d'éducation et de délectation. »
Statuts du Conseil international des musées adoptés lors de la 22e assemblée générale à Vienne, Autriche, le 24 août 2007.
« On appelle musée, en Europe, une espèce de grand bâtiment dans lequel on a réuni des chefs-d'œuvre des arts et des sciences ou, simplement, les objets qui peuvent nous renseigner sur la vie, les mœurs et les idées des peuples. »
Tcheng Ki Tong, Les Parisiens peints par un Chinois, Paris, 1891, p. 115.
Texte d'organisation de 2008, toujours en vigueur à la rentrée 2017
Organisation de l'histoire des arts.
Encart du Bulletin officiel n° 32 du 28 août 2008.
"L’enseignement de l’histoire des arts est un enseignement de culture artistique partagée. Il concerne tous les élèves. Il est porté par tous les enseignants. Il convoque tous les arts. Son objectif est de donner à chacun une conscience commune : celle d’appartenir à l’histoire des cultures et des civilisations, à l’histoire du monde. Cette histoire du monde s’inscrit dans des traces indiscutables : les œuvres d’art de l’humanité. L’enseignement de l’histoire des arts est là pour en donner les clés, en révéler le sens, la beauté, la diversité et l’universalité."