Scénario en français.

Voir sa ville autrement grâce au regard des artistes.

Le scénario est également téléchargeable ici.

Descriptif du projet : cette séquence s’inscrit dans l’objet d’étude, « la ville, lieu de tous les possibles ? ». Elle concerne le niveau 4^ème et a été menée à la fin du deuxième trimestre. Comme cette séquence s’inscrit également dans un projet de liaison avec l’option Histoire des arts du lycée de secteur, l’idée était de la mener assez tard dans l’année pour que les élèves puissent se projeter plus facilement dans leur parcours d’orientation. En choisissant aussi de la placer assez tard dans l’année, nous avons voulu mettre toutes les chances de notre côté pour obtenir beau temps lors des sorties dans la ville et allègement des mesures sanitaires.

Problématique : Comment les artistes (romanciers, poètes, artistes) donnent-ils à voir la ville ?

Objectifs :

• Montrer plusieurs façons de percevoir l’espace urbain, du XIXème (Révolution industrielle, exode rural) au XXème siècle (éloge de la modernité et jeu avec les codes patrimoniaux).
• Aborder plusieurs types de textes (poèmes, textes narratifs)
• Revoir quelques caractéristiques du texte poétique.
• Développer chez les élèves un regard esthétique et critique sur leur ville, Blois, et son patrimoine, en proposant de suivre le parcours artistique créé par BEN (Benjamin Vautier) qui place des questions sur des monuments emblématiques de la ville.
• Développer des compétences d’écriture à partir de ce travail d’observation.

Corpus : Groupement de textes.

• Extrait de La Curée d’Emile Zola.
• Extrait de Campagnes hallucinées d’Emile Verhaeren.
• Extrait de Zone de Guillaume Apollinaire.
• Extrait de Cathédrales de France d’Auguste Rodin.
• Poème Urbanisme de Raymond Queneau.

Etapes de la séquence :

1. Le point de départ de cette séquence a été la rencontre avec les Secondes option Histoire des arts du lycée Dessaignes (lycée de secteur du collège) dans le centre-ville de Blois, afin de découvrir la ville à travers le regard de l’artiste BEN (Benjamin Vautier), qui a proposé un parcours artistique en apposant dans différents lieux ou monuments de la ville des plaques sur lesquelles se trouvent des questions.

Après une présentation du projet aux élèves, une déambulation en groupes « mixtes » leur a été proposée. Deux types de parcours ont permis de découvrir plusieurs lieux et monuments dans des endroits opposés de la ville. Ils devaient retrouver la plaque qui était représentée par un numéro, recopier la question sur une feuille et chercher le lien avec le monument ou lieu associé.

Par exemple, ci-contre, la question « L’amour existe-t-il ? » se trouve dans la Roseraie des Jardins de l’évêché. Quel lien peut-on faire avec ce lieu ? Chaque groupe, guidé par un professeur, a ainsi découvert ou redécouvert certains monuments de la ville et s’est interrogé sur les choix de l’artiste.

Le point de rendez-vous était la cour du doute (Fondation du doute) dans laquelle se trouve un mur recouvert d’inscriptions de BEN. Les élèves de Seconde, qui avaient préparé dans le cadre de leur cours une présentation du mouvement Fluxus, ont exposé aux quatrièmes le fruit de leur recherche. J’ai ensuite demandé aux élèves de chercher la plaque qu’ils préféraient.

2. De retour en classe, après une mise en commun du travail de recherches des plaques, j’ai donné ce travail d’écriture aux élèves afin de développer leur regard critique, l’expression de leur sensibilité, leurs compétences d’écriture et d’argumentation.

3. Ce travail a fait l’objet d’une correction par le professeur, puis d’amendements par les élèves qui ont permis l’enregistrement de la réponse argumentée à la question sur le lien entre la question d’une plaque de BEN et le lieu sur lequel elle est apposée (ex : « Aimeriez-vous vous faire cloner ? », devant le Museum d’histoire naturelle).

Cet enregistrement, réalisé par certains élèves, a pu être permis par l’utilisation d’une tablette de l’établissement (tablettes SQOOL, financées par le Conseil départemental), grâce à l’outil « Enregistreur » Ces enregistrements ont ensuite été déposés sur le DIGIPAD créé pour l’occasion, qui a servi d’outil d’échange à distance entre les deux classes.

En exemple, l’enregistrement d’Emilien sur l’inscription devant la bibliothèque Abbé Grégoire, « Peut-on changer l’Homme ? ».

4. Je ne vais pas détailler ici toute la séquence, mais plutôt mettre en valeur les séances qui ont permis de mener à bien ce projet pluridisciplinaire. Parallèlement à ces travaux d’ouverture, des séances de lecture ont permis de découvrir le regard posé par d’autres artistes, ici des écrivains, sur la ville, du XIXème au XXème siècle. Des choix ont dû être faits : je me suis concentrée d’abord sur un extrait de la Curée, qui évoque le Paris Haussmannien et les bouleversements qu’a subi la ville, personnifiée comme une victime sous la convoitise de Saccard.

En amorce de l’étude de ce texte, qui devait permettre aux élèves de comprendre les évolutions de Blois au XIXème siècle (création des escaliers Denis Papin et construction de la chocolaterie Poulain) étudiées en Histoire, les élèves ont pu regarder une vidéo trouvée sur le site ETINCEL, créé par le réseau Canopé, qui décrit les bouleversements de la ville sous Haussmann.

5. D’autres séances, cette fois-ci consacrées à des textes poétiques, ont réactivé les connaissances des élèves et permis de percevoir les différentes visions que pouvaient avoir un artiste de la ville : ville désirable mais tentaculaire dans l’extrait de LaVille d’Emile Verhaeren, ville, temple de la modernité, dans l’extrait de Zone de Guillaume Apollinaire, ville déconstruite de manière amusante dans le poème Urbanisme de Raymond Queneau.

6. Les élèves ont alors eu comme sujet d’écriture, à deux ou trois, d’imaginer un texte poétique qui évoquait de manière sensible le monument ou lieu sur lequel ils travaillaient en arts plastiques. Par ailleurs, ils ont aussi eu à imaginer d’inventer une autre plaque, à la manière de Ben, sur un monument de leur choix.

7. Puis, ils ont enregistré leur travail, toujours à l’aide des tablettes SQOOL, en se mettant dans les couloirs ou des salles disponibles à ce moment-là. Pour permettre une auto évaluation et améliorer leurs compétences d’oral, une fiche leur a été donnée. Ils ont ensuite dû transférer leur travail sur l’espace de travail de l’établissement, en le mettant dans l’espace « groupes », afin que le professeur de technologie puisse récupérer aisément leur enregistrement.

Voici un exemple de production d’élèves qui porte sur les escaliers Denis Papin (Jules et Bassma).

7. Enfin, une évaluation finale, consacrée à l’étude d’un texte d’Auguste Rodin de passage à Blois (Les Cathédrales de France), leur a été donnée.

8. Le jour de la deuxième rencontre entre les deux classes, les élèves ont pu faire entendre leurs enregistrements aux secondes grâce aux QR code crées en technologie qui renvoyaient directement à leurs fichiers mp3 hébergés sur le site du collège. Et ils ont créé un quizz le matin sous forme de diaporama pour faire trouver où pouvaient se situer les plaques inventées par les quatrièmes.

Les outils numériques utilisés

Tout au long de ce travail, le numérique a facilité l’appropriation de compétences pour les élèves :

• Compétences de lecture lors de l’étude des textes, grâce à l’emploi du TNI pour mettre en évidence les éléments marquants des textes. La ressource ETINCEL (site créé par le CANOPE) a facilité la compréhension du texte de Zola.

• Compétences d’écriture lors des échanges avec les Secondes grâce au site de la Digitale, DIGIPAD (qui répond aux exigences du RGPD).

• Compétences d’oral grâce à l’application « Enregistreur » de la tablette SQOOL.

Les compétences du CRCN travaillées :

Domaine 2 : Communication et collaboration

· Compétence 2.1 Interagir

· Compétence 2.2 Partager et publier

· Compétence 2.3 Collaborer

· Compétence 2.4 S’insérer dans le monde numérique

Domaine 3 : Création de contenus

· Compétence 3.1 Développer des documents textuels

· Compétence 3.2 Développer des documents multimédia

· Compétence 3.3 Adapter les documents à leur finalité

Bilan du projet

Il n’a pas toujours été facile d’ajuster le temps de l’écriture collaborative avec les impératifs du projet de liaison. La coordination avec les autres disciplines a impliqué un changement dans la conduite de la séquence mais finalement, tout a pu se dérouler correctement. Et écrire sur un lieu que l’on n’a vu qu’une seule fois, lors de la première sortie, n’a pas facilité une approche sensible pour les élèves. Ils ont néanmoins relevé le pari et ont réussi des travaux parfois tout à fait remarquables. Lors de la dernière rencontre, ils étaient en tout cas beaucoup plus à même d’apprécier les différents lieux de la ville. Donc, même si cette séquence s’est déroulée sur un temps plus long que prévu, elle constitue une réussite, visible notamment dans les résultats de l’évaluation finale, meilleurs que d’habitude.

Christelle Delas-Berthel, professeur de Lettres au collège Blois-Vienne.